Le grand test des tendances boursière de l'été

" Sell in May and go away " est un adage boursier connu qui promet généralement une baisse des cours des actions pendant les mois d'été. Cette année, au contraire, les marchés actions évoluent à un niveau élevé.

"Malgré les quelques orages d'été, les chances d'un été agréable sur le marché financier sont bonnes", déclare Thomas Meier, gérant de portefeuille au sein de l'équipe "Global Dividend" chez Mainfirst.

Il cite six facteurs qui conditionneront la météo des marchés boursiers dans les mois à venir.

  1. Une météo favorable aux données économiques. "Les cours des marchés actions ont atteint de nouveaux sommets au cours des dernières semaines. Néanmoins, on n'a guère ressenti d'exaltation estivale à grande échelle. Ce sont les actions individuelles et les secteurs, en particulier le secteur technologique aux États-Unis, qui sont à l'origine de la tendance estivale actuelle. Les signes d'un été ensoleillé pour les actions restent favorables : les données économiques et commerciales positives en Europe (indices des directeurs d'achat, emploi, crise financière, etc.) et une normalisation en cours aux États-Unis, combinées à l'amélioration des possibilités et des conditions de refinancement, devraient conduire à la poursuite des sommets sur les marchés actions".
  2. La baisse des taux d'intérêt redonne le moral. "Non seulement le championnat d'Europe de football a entraîné une humeur euphorique parmi les participants au marché, mais le changement de cap de la BCE en matière de taux d'intérêt a également été accueilli de manière positive. Les taux d'inflation sont en baisse des deux côtés de l'Atlantique, mais posent un dilemme aux banques centrales : si les taux d'intérêt sont réduits prématurément, la spirale inflationniste risque de repartir en raison de la vigueur du développement économique. Il en résulterait une correction douloureuse sur les marchés financiers, comparable à un violent coup de soleil. De plus, les conflits commerciaux avec la Chine, les prochaines élections présidentielles aux États-Unis et les conflits géopolitiques compliquent la tâche des banques centrales dans leurs prévisions à long terme."
  3. Les bourses politiques provoquent des orages estivaux. "Les élections européennes ont confirmé la tendance en faveur des partis populistes de droite, tandis que les partis établis ont enregistré des baisses significatives. En France, le succès électoral du parti de droite de Marine Le Pen a incité le président Emmanuel Macron à dissoudre le parlement et à convoquer de nouvelles élections en juillet. Cela a également eu des répercussions sur le marché financier : même si Macron restera en fonction jusqu'en 2027, les acteurs du marché craignent de perdre des années sur le plan législatif jusqu'à la prochaine élection présidentielle. Le pouvoir de Macron est limité par le résultat des élections. Bien qu'un virage à droite du Parlement ait pu être évité, la nouvelle répartition des sièges ne facilite pas la tâche du président. En outre, compte tenu de la dette nationale actuelle de 110,6 % (par rapport au PIB), les projets de dépenses fiscales des partis suscitent un certain malaise. Certes, la gouvernance du nouveau Congrès national devient plus lourde, mais aucune crise de l'Etat et de la dette n'est perceptible.
  4. Signes de redoux dans les introductions en bourse. "Un nombre croissant d'entreprises cherchent à s'introduire en bourse, notamment le spécialiste suisse de la dermatologie Galderma et le détaillant allemand Douglas. Dans l'ensemble, le nombre d'introductions en bourse a considérablement diminué depuis la crise financière. Rien que dans les pays de l'OCDE, plus de 30 000 entreprises ont disparu du marché boursier depuis 2005. Dans l'UE, le nombre de sociétés cotées en bourse a chuté de 39,7 % en 2020. Néanmoins, le pipeline des aspirants à la bourse semble prometteur, la transaction en cours de Shein pour un montant estimé à 58 milliards d'euros faisant office de brise-glace dans le secteur du commerce électronique".
  5. De nouvelles opportunités pour les entreprises sous-évaluées. " De manière générale, outre les introductions en bourse, on observe une augmentation du nombre de fusions et d'acquisitions (M&A). Leur niveau a considérablement baissé au cours de l'année passée, ce qui ouvre de nouvelles perspectives aux entreprises sous-évaluées et à leurs investisseurs, en particulier en Europe. Selon Bain & Company, le volume des transactions internationales de M&A a chuté de 15 % l'année dernière pour atteindre 3,2 billions de dollars, soit le niveau le plus bas de la décennie. Cela signifie qu'il y a de fortes chances qu'une nouvelle vague de rachats se produise et que les investisseurs puissent en tirer profit. La consolidation sur le marché financier incombe de plus en plus au private equity. Selon McKinsey, les recettes records des fonds de private equity créés ont permis de générer un stock de capital de 3,7 billions de dollars américains. Ce capital sera investi au cours des prochaines années et déclenchera une nouvelle vague d'acquisitions en bourse. La baisse du niveau de financement se reflète déjà dans les premières transactions en Europe. Des entreprises traditionnelles comme Novartis sont en concurrence avec les entreprises cotées en bourse, comme le montre le processus de rachat actuel de MorphoSys.
  6. Les petites et moyennes entreprises restent à l'ombre : " Les investisseurs ne devraient pas uniquement se tourner vers les endroits ensoleillés, mais aussi vers les endroits ombragés. Sur le marché actions, les PME vivent actuellement dans l'ombre. Elles se négocient avec une décote moyenne de 30 % par rapport à leur historique des deux dernières décennies. En Europe, cette situation était jusqu'à présent due aux taux d'intérêt, à la faiblesse des données conjoncturelles ainsi qu'aux incertitudes géopolitiques. La tendance semble désormais s'inverser, du moins sur le plan des taux d'intérêt et de la croissance. Cela devrait donner aux investisseurs l'occasion de se positionner sur des modèles économiques attrayants à des valorisations relativement favorables. »
Thomas Meier
Thomas Meier

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